Qu'est ce que la boucle de Roumare?

C'est la première boucle de la Seine en aval de Rouen. On y entre, en suivant le cours du fleuve, à Croisset/Dieppedale, et elle regroupe dans sa partie interne les communes de Val-de-la-Haye, Hautot-sur-Seine, Sahurs, Saint Pierre de Manneville, Quevillon, Saint Martin de Boscherville et Hénouville, 7 communes de la rive droite de la Seine, couronnées par la forêt de Roumare.

Pourquoi la sauvegarder et la mettre en valeur?

La boucle de Roumare est unique! Il suffit pour s'en convaincre d'observer sur une carte la vallée de la Seine. La boucle de Roumare est la seule avec la boucle de la forêt de brotonne à avoir gardé sa physionomie naturelle. A proximité de l'agglomération rouennaise, elle a été en grande partie épargnée par l'industrialisation et a su se préserver de l'expansion de la ville.

Un paysage singulier

L'espace naturel de la boucle a été conservé dans un agrosystème qui a peu évolué. Il s'agit d'un paysage de fond de vallée caractérisé par une large plaine alluviale innondable. Les sept villages de la boucle présentent une même organisation paysagère de la vallée de Seine caractéristique d'une unité géographique et culturelle indéniable.

La forêt domaniale de Roumare

Elle constitue un massif forestier qui occupe tout l'intérieur de la boucle jusqu'au rebord du plateau surmontant les coteaux. Les peuplements sont la futaie régulière de feuillus de chênes et hêtre et la futaie résineuse de pin sylvestre. On note également des forêts privées ponctuelles sur la partie externe du massif. Elle abrite une faune nombreuse (cerfs, biches, chevreuils, sangliers, lapins, renards) qui fait l'objet de chasses afin de réguler les populations nuisant à l'équilibre sylvo-génétique.

Les coteaux calcaires

Ils forment une sorte de toile homogène vierge de toute urbanisation de par les cotnraintes physiques imposées. A Hénouville, les coteaux coteaux possèdent une forte pente (116m de dénivellation) où des pelouses calcicoles se développent sur un substrat sec et crayeux. Peu productif, longtemps utilisé pour l'élevage, leur milieu doit rester ouvert afin de maintenir leur intérêt écologique.

L'agriculture

Les alluvions modernes de la vallée de Seine sont propices à l'élevage, aux cultures fruitières (vergers) et maraîchères.

Le bâti

Il s'organise autour d'une structure linéaire représentative d'un système agricole ancien. L'occupation du sol s'effectue en bandes concentriques, avec deux types d'habitat, l'un au pied du coteau et l'autre au bord de la Seine, sur le bourrelt alluvial séparé des marais.

Les prairies humides

Les prairies humides étaient à l'origine des marais qui ont été mis en valeur à des fins agraires. Ainsi, le creusement de fossés de drainage abordés de saules taillés en têtards, perpendiculairement à la Seine, a facilité l'évacuation de l'eau en excès, renforcé par un système de vannées actionnées à chaque marée. Zones herbacées développées sur un sol humide et inondées fréquemment, elles contribuent à la régulation et à l'épuration des eaux. Elles étaient vouées autrefois quasi exclusivement aux prairies permanentes de pâture et de fauche; elles sont aujourd'hui menaçées par l'intensification de l'agriculture.

Un réservoir de biodiversité

La boucle de Roumare accueille des espèces caractéristiques et remarquables des milieux humides et des coteaux, comme l'astteste le schéma ci-dessous.

Sur les bords des fossés se sont développés arbres et arbustes adaptés : saule blanc, saule fragile, frêne, viorne aubier (réserve en bois). Dans les bras morts de la Seine, une flore aquatique se maintient : renoncules, iris, butones, patiences, faux bananiers... On trouve aussi dans les prairies humides qui assurent la pousse d'un foin et d'un bel herbage : lychnis, fleurs de coucou, orchidées, colchiques, consoudes, laiches...

En ce qui concerne la faune, quelques éspèces devenues rares trouvent encore refuge dans ces milieux. Ainsi, la chouette chevêche, le putois, le râle des genets.

Sur les coteaux, on trouvera une faune et une flore late-méditerranéenne : oiseaux, papillons, criquets, anémones pulsatiles, pinprenelles, cirses vulgaires, hélianthèmes...

Un lieu de villégiature et d'agriculture tourné vers la Seine

La boucle est historiquement rurale. Du néolithique il y a 7000 ans jusqu'au début du 20ème siècle, les usages des riverains sont restés quasi identiques: agriculture, pastoralisme, navigation, pêche, artisanat.

L'activité dans les villages était essentiellement agricole. Jusu'aux années 50, trois générations vivaient dans la ferme familiale où étaient produits en auto-suffisance lait, betteraves, blé, légumes, fourrages, fruits des vergers. Sur les coteaux défrichés exposés au Sud poussaient céréales et vignes.

Les riverains vivaient avec la Seine que l'on traversait en barque ou en bac grâce aux passeurs d'eau. On naviguait sur les gribanes, bateaux fortement évasés, et on accostait dans des petits ports dont il reste des vestiges dans chacun des villages.

La boucle fut aussi un lieu de villégiature prisé, où les bourgeois de Rouen installèrent leurs demeures de campagne.